Dimanche des Rameaux et de la Passion
Abbé Jean Compazieu | 20 mars 2010Textes bibliques : Lire
L’évangile des Rameaux proclamé avant la procession d’entrée nous a rapporté des paroles qui donnent à réfléchir : “Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule dirent à Jésus : “Maître, arrête tes disciples !” Mais Jésus leur répondit : “Je vous le déclare, s’ils se taisent, les pierres crieront.” Voilà dont cette foule à laquelle nous nous joignons pour acclamer le Christ. Mais aujourd’hui, nous voyons qu’elle n’est pas unanime. Il y en a toujours quelques uns pour récriminer.
Cette foule rassemblée autour du Seigneur rend grâce pour tous les miracles qu’elle a vus. Elle reconnaît en Jésus “celui qui vient au nom du Seigneur.” Mais certains estiment que c’est trop et ils lui demandent d’arrêter ses disciples. Aujourd’hui, nous pouvons nous poser la question : “Est-il possible d’en faire trop pour le Seigneur ? Si nous lisons les évangiles et l’histoire de l’Eglise, nous remarquons que ce reproche revient régulièrement : Marie verse un parfum précieux sur les pieds de Jésus. Alors Judas fait remarquer qu’avec l’argent correspondant, on aurait pu servir les pauvres. Le curé d’Ars qui vivait très pauvrement se procurera les ornements et les objets sacrés les plus beaux pour le culte. Ce ne sont là que quelques exemples parmi bien d’autres.
Rien n’est trop beau pour Dieu. Nous n’avons pas à nous retenir quand il s’agit de lui rendre grâce pour les merveilles qu’il accomplit. Nous n’en ferons jamais trop pour lui. Quelquefois, on entend parler de “programme minimum” pour la télévision ou les services publics et nous savons combien cela peut être décevant. Dans notre relation avec le Seigneur, cela ne doit pas exister car lui-même s’est donné totalement, jusqu’au sacrifice de sa vie sur une croix.
Aujourd’hui, nous entrons dans la semaine sainte. Nous allons suivre jusqu’à son sacrifice sur la croix. Comprenons bien : C’est notre vie qui est clouée à la croix avec lui ? Notre vie avec ses peines, ses souffrances et ses péchés que le Christ a pris sur lui. “C’était nos péchés qu’il portait dans son corps sur le bois”. Un jour il a dit qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. C’est ce don total du Christ que nous allons célébrer tout au long de cette semaine Sainte.
Alors n’ayons pas peur d’en faire trop pour Celui qui n’a pas mesuré son amour pour nous. Ne nous retenons pas pour chanter les louanges du Seigneur. Nous sommes tous attendus pour les célébrations du Jeudi Saint, Vendredi Saint, veillée pascale et dimanche de Pâques. Rejoignons tous les vivants qui tombent à genoux et qui proclament : « Jésus Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu le Père. Et que notre liturgie vécue tout au long de cette semaine nous affermisse dans la foi.
Seigneur, nous voulons être là avec la foule pour te louer et pour te glorifier. Nous ne voulons pas être seulement des spectateurs. Tu es vraiment le Roi qui vient au nom du Seigneur ! Tu mérites notre louange pour toutes les grandes choses que tu as faites et que tu fais encore. Tu mérites notre reconnaissance éternelle pour tout ce que tu as fait pour nous. Accorde-nous ta grâce, que nous chantions sans cesse tes louanges non seulement par des mots mais également par nos actions.
7 avril 2009
La fête des Rameaux annonce et anticipe la fête du Christ Roi.
. LA ROYAUTÉ DE JÉSUS DURANT SA VIE TERRESTRE
I. Jésus est-il roi? – Durant son ministère public, Jésus ne cède jamais à l’enthousiasme messianique des foules, trop mêlé d’éléments humains et d’espoirs temporels. Il ne s’oppose ni à l’autorité du tétrarque Hérode, qui pourtant soupçonne en lui un concurrent (Lc 13,3Iss-9,7s), ni à celle de l’empereur romain, à qui le tribut est dû (Mc 12,13-17 p) : sa mission est d’un autre ordre! Il ne contredit pas l’acte de foi messianique de Nathanaël ” Tu es le Roi d’Israël ” , (Jean 1,49); mais il oriente ses regards vers la parousie du Fils de l’Homme. Lorsque, après la multiplication des pains, la foule veut l’enlever pour le faire roi, il se dérobe ( Jean 6,15). Il se prête pourtant une fois à une manifestation publique lors de son entrée triomphale à Jérusalem : se montrant dans un humble appareil, conforme à l’oracle de Zacharie (Mt 21,5- Za 9,9), il se laisse acclamer comme le Roi d’Israël (Lc 19,38; Jean 12,13). Mais ce succès même hâtera l’heure de sa passion. Finalement, c’est dans une perspective purement eschatologique qu’il parle aux siens de son Royaume, au moment où la Passion va s’ouvrir (Lc 22,29s).
2. La passion et la royauté de Jésus. – L’interrogatoire de Jésus durant son procès religieux porte sur sa qualité de Messie et de Fils de Dieu: En revanche, dans son procès civil devant Pilate, c’est sa royauté qui est en cause; les évangélistes en profitent pour montrer que sa passion en est la révélation paradoxale. Interrogé par Pilate ” Es-tu le roi des Juifs? ” ( Mc 15,2 p; Jean 18,33. 37), Jésus ne renie pas ce titre ( Jean 18,37). mais il précise que son “Royaume n’est pas de ce monde-ci” ( Jean 18,36), de sorte qu’il ne peut concurrencer César (Lc 23,2). Dans l’aveuglement de leur incroyance, les autorités juives en viennent alors à reconnaître à César un pouvoir politique exclusif pour mieux repousser la royauté de Jésus ( Jean 19,12-15). Mais celle-ci se manifeste à travers les gestes mêmes qui la bafouent : après la flagellation, les soldats le saluent du titre de Roi des Juifs (Mc 15,18 ); l’écriteau de la Croix porte: “Jésus de Nazareth, roi des Juifs” (Jean 19,I9ss); les assistants s’acharnent à railler cette royauté dérisoire (Mt 27,42 p; Lc 23,37) ; mais, reconnaissant sa véritable nature, le bon larron prie Jésus de « se souvenir de lui quand il viendra dans son royaume» (Lc 23,42). En effet, Jésus connaîtra la gloire royale, mais ce sera par sa résurrection et sa parousie au dernier jour. Venu, comme le prétendant de la parabole, pour recevoir la royauté et renié par ses concitoyens, il sera néanmoins investi et il reviendra pour demander des comptes et se “venger de ses ennemis” (Lc 19,12-15.27). A la croix cette royauté éclate pour qui sait voir les choses avec un regard de foi: Vexilla Regis prodeunt, fulget crucis mysterium, ” Les étendards du Roi s’avancent, le mystère de la croix resplendit” (Hymne du temps de la Passion).
II. LA ROYAUTÉ DU CHRIST RESSUSCITÉ
1. La royauté actuelle du Seigneur. – Jésus-Christ ressuscité est entré dans son royaume. Mais il lui faut d’abord faire comprendre à ses témoins la nature de ce règne messianique, si différent de ce que les Juifs attendent: il n’est pas question qu’il restaure la royauté au profit d’Israël (Ac 1,6); son règne s’établira par l’annonce de son Évangile (Ac 1,8). Roi, il l’est pourtant, comme le proclame la prédication chrétienne qui lui applique les Écritures prophétiques : le roi de justice du Ps 45,7 (He 1,8), le roi-prêtre du Ps 110,4 (He 7,1). Il l’était mystérieusement dès le début de sa vie terrestre, comme les évangélistes le soulignent en racontant son enfance (Lc 1,33; Mt 2, 2). Mais sa royauté, ” qui n’est pas de ce monde-ci” (Jean 18,36) et qui n’y est représentée par aucune monarchie humaine à laquelle Jésus déléguerait ses pouvoirs, ne concurrence en aucune façon celle des rois terrestres. Les chrétiens en deviennent sujets quand Dieu les ” arrache à l’empire des ténèbres pour les transférer dans le royaume de son Fils, en qui ils ont la rédemption” (Col 1,13). Cela ne les empêche pas de se soumettre ensuite aux rois de ce monde et de les honorer (1 P 2, 13.17), même si ces rois sont des païens: dépositaires de l’autorité, il suffit qu’ils ne l’opposent pas à l’autorité spirituelle de Jésus. Le drame est que parfois ils s’élèvent contre elle, réalisant la prophétie du Ps 2,2. Ce fut déjà le cas lors de la Passion (Ac 4,25ss). C’est le cas tout au long de l’histoire quand ces rois terrestres, forniquant avec Babylone (Ap 17,2) et la laissant régner sur eux (17,18), participent du même coup à la royauté satanique de la Bête (17,12) : alors, enivrés de leur pouvoir, ils se font les persécuteurs de l’Église et de ses fils, comme Babylone elle-même qui se saoule du sang des martyrs de Jésus (17,6).
2. Le règne du Christ à la parousie. – Dans le tableau symbolique des derniers temps que trace l’Apocalypse, la crise finale s’ouvrira donc par une campagne de tous ces rois contre 1′ Agneau: ayant remis leur pouvoir à la Bête (Ap 17,13), ils se rassembleront en vue du grand Jour (16, 14), mais l’Agneau les vaincra ( Apocalypse 19,18s), ” car il est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs” (17,14; 19,Iss -1,5). Sa parousie sera la manifestation éclatante de son règne en même temps que du Règne de Dieu (11,15; 2 Tm 4,1) : suivant l’oracle d’Is II,4, le Roi fils de David anéantira alors 1′ Antichrist par la manifestation de sa parousie (2 Th 2,9). Il remettra ensuite le Règne à son Père, car, suivant le texte du Ps 110,1, il faut qu’il règne ” jusqu’à ce que Dieu ait placé tous ses ennemis sous ses pieds” (1 Co 15,24S). A l’issue de la guerre eschatologique qu’il mènera comme Verbe de Dieu, il régira ses ennemis, suivant le Ps 2,9, avec un sceptre de fer (Ap 19,15s). Alors, en participation à son règne ( 1 Co 15, 24), tous les martyrs, décapités parce qu’ils ont refusé d’adorer la Bête, ressusciteront pour régner avec lui et avec Dieu (Ap 20,4ss- 5,10). Ils participeront ainsi, suivant la promesse de Dn 7,22. 27, au règne éternel du Fils de l’Homme. N’est-ce pas ce que Jésus avait lui-même promis aux Douze à la dernière Cène : ” Je dispose pour vous du Royaume, et vous siégeœz sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël ” (Lc 22,29S; cf Ap 7.4-8.15) ?
Pierre G RELOT ( Vocabulaire de Théologie Biblique éditions du Cerf – pages 1139 à1141 )
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La fête des Rameaux anticipe le Retour du Seigneur en gloire à la Parousie. Ce jour là , il détruira le mal, la souffrance et la mort. Il détruira Puissances, Pouvoirs, Autorités civiles, financières, religieuses.
Ils n’auront plus soif, ils n’auront plus faim, Il essuyera toutes larmes de leurs yeux… ( Apocalypse 7. 9 à 17)
Lui seul sera le Seigneur, le Roi , Dieu.
Voir: Georges Siguier: http://civisme.politique.free.fr/3-la.politique.du.messie/3160-quilregne.htm
Petit âne, le Seigneur a besoin de toi
Après une première période de prédication en Galilée où, très vite, il avait paru suspect aux yeux des autorités religieuses, Jésus avait décidé de monter à Jérusalem en sachant très bien le sort qui l’y attendait. Luc avait noté ce tournant de façon solennelle:
Or comme s’accomplissaient les jours de son enlèvement,
il durcit son visage pour aller vers Jérusalem ( Luc 9, 51).
Que signifie ce mot “enlèvement” ? En tout cas il s’agit d’affronter un terrible danger, qui exige de “serrer les dents” avec la ferme volonté d’aller jusqu’au bout, à l’exemple du fameux Serviteur de Dieu prédit par Isaïe (50, 7). Aujourd’hui, après 10 chapitres, la longue montée arrive à son terme: voici enfin Jérusalem. Et nous allons découvrir le sens du mot énigmatique: Jésus va être ÉLEVÉ sur une croix, ENLEVÉ dans la mort…mais, ressuscité, il sera ENLEVÉ-ÉLEVÉ dans la gloire de son Père (24, 51). La montée vers Jérusalem s’achèvera en montée en croix qui basculera en Ascension céleste.
Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem. A l’approche de Bethphaguè et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples:
– Allez au village qui est en face. A l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché; personne ne l’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande: “Pourquoi le détachez-vous ?”, vous répondrez: “Le Seigneur en a besoin”….Ils amenèrent l’âne à Jésus, jetèrent leurs vêtements dessus et firent monter Jésus. A mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin.
Venant de Jéricho, la route de Jésus passe d’abord par la colline à l’est de Jérusalem: c’est sur ce même mont des Oliviers qu’il s’écroulera dans quelques jours pour y traverser l’horrible nuit de l’agonie (22, 39). Mais c’est là encore, au sommet, que, vivant sorti de la mort, il sera ENLEVÉ dans le ciel (24, 51). Les responsables du temple, la Maison de Dieu, l’ayant refusé et condamné, il entrera dans la Maison véritable, la Demeure éternelle de la Vie où le Père accueille son Fils et où, en conséquence, peuvent entrer tous ceux qui croient en lui et marchent sur ses traces.
Jésus est très conscient de son destin: il commande la façon de son entrée (comme bientôt il dirigera les préparatifs de son dernier repas: 22, 8). Par quelques petites touches, Luc évoque la scène de l’investiture du roi Salomon succédant à son père David ( 1 Rois 1, 29-40):
on fait monter Jésus sur la monture;
celle-ci n’a jamais été utilisée comme il convient pour un roi;
on descend en bas de la ville au pied du mont des Oliviers;
les disciples crient de joie;
ils étendent leurs manteaux par terre (geste signalé pour le roi Jéhu: 2 Rois 9, 13).
Mais il n’y a pas d’onction d’huile sacrée puisque Jésus a été oint par l’Esprit Saint lors de son baptême.
Il est le vrai Shlomo (Salomon). N’a-t-il pas osé déclarer un jour : ” Il y a ici plus que Salomon” ? (11, 31). Jésus est bien le roi qui apporte la Paix (shalom) messianique.
A la différence de Matthieu et Jean, Luc ne dit pas que ce choix de l’ânon réalise une ancienne prophétie qui annonçait la venue future d’un Messie pacifique:
“Tressaille d’allégresse, fille de Sion, pousse des acclamations, fille de Jérusalem !
Voici que ton roi s’avance vers toi: il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne, sur un ânon tout jeune. Il supprimera le char de guerre et le char de combat, il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix pour les nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre” ( Zacharie 9, 9).
Donc par ce signe du petit animal sans défense, Jésus veut briser l’attente belliqueuse d’un chef d’armée qui lancerait ses troupes à l’assaut des ennemis pour les bouter hors de la terre sainte. Il est bien fils de David mais il ne fait pas de guerre; il est bien fils de Salomon mais il refuse palais luxueux et dépenses somptuaires. Il est le vrai Messie, non violent, pauvre, doux et patient, qui appelle au rejet des armements et vient apporter la paix non seulement à Israël mais à toutes les nations.
Mais hélas, aucun habitant de la ville, semble-t-il, ne vient à sa rencontre: Jérusalem ne veut pas de ce Galiléen, elle refuse son projet de paix universelle, le programme de ses béatitudes, la liberté de son allure, le pardon qu’il veut offrir à tous. La conversion qu’il demande est trop difficile: comment croire que Dieu puisse libérer de cette façon ?
Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus: ” Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux !”.
Les disciples, qui ont vu Jésus accomplir des guérisons, sont fiers de leur maître: remplis d’allégresse ils entonnent le refrain d’accueil des pèlerins (Psaume 118, 26) et ils proclament que Jésus est vraiment “le Roi”. Mais eux aussi ne restent-ils pas fixés sur l’image d’un Messie fort et puissant ? Leur cantique ressemble à celui de Noël mais il n’évoque que la paix du ciel: tandis que les Anges qui chantaient la naissance du petit messie pauvre dans la crèche de Bethléem pouvaient annoncer une paix qui unissait ciel et terre, sphère divine et terre des hommes:
Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et, sur la terre, paix pour les hommes, ses bien-aimés” (2, 14)
Apparaissent tout à coup, et pour la dernière fois dans l’évangile, quelques pharisiens, ces esprits pieux mais endurcis, religieux mais enfermés dans une religion légaliste. Excédés par les cris d’enthousiasme, et dans la crainte que cette effervescence messianique n’éveille la fureur des Romains, ils demandent à Jésus de faire taire ses disciples.
Quelques pharisiens qui se trouvaient dans la foule dirent à Jésus: ” Maître, arrête tes disciples !”. Mais il leur répondit: ” Je vous le dis: s’ils se taisent, les pierres crieront “.
Cette cureuse réponse pourrait signifier que si les hommes ne reconnaissent pas Jésus comme leur Roi, Jérusalem accueillera d’autres leaders qui la conduiront sur la voie de la révolution violente…ce qui aboutira à la destruction et à la ruine. Et en effet c’est ce qui se produira: 40 ans plus tard, pour avoir misé sur la révolution armée, Jérusalem et son temple seront saccagés de fond en comble. Pour Luc (qui écrit après cet événement) et les chrétiens de son époque, les monceaux de pierres témoigneront que Jésus était bien le roi qu’il fallait suivre.
Cependant la prévision de cette issue tragique, de cet aveuglement suicidaire remplit Jésus d’une immense tristesse et il fond en larmes:
Quand il approcha de la ville et qu’il l’aperçut, Jésus pleura sur elle: ” Si toi aussi, tu avais su en ce jour comment trouver la paix ! Hélas, des jours vont venir où tes ennemis t’écraseront…ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre parce que tu n’as pas reconnu le temps où tu as été visitée”.
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VIVRE LA SAINTE SEMAINE
En ce dimanche, nous entrons dans la GRANDE SEMAINE…et ce n’est vraiment pas le moment de partir en vacances. Car tout se joue ici: en faisant mémoire du trajet de Jésus, allons-nous accepter de calquer notre vie sur la sienne ?
Le petit rameau de buis que nous rapporterons à la maison n’est pas un porte-bonheur: il est le signe que nous confessons en ce jour Jésus comme le seul et vrai Messie, le libérateur doux et pauvre. Nous accrocherons ce buis à notre crucifix (si nous avons encore le front de le suspendre bien en vue à nos murs) car c’est sur la croix que Jésus a été couronné (de ronces épineuses) et proclamé ROI sur la pancarte de Pilate (23, 38).
“Le Seigneur en a besoin”: c’est à chacun que cette phrase s’adresse. Comme de l’ânon, semble dire le Seigneur, j’ai besoin de toi. Veux-tu ouvrir grandes tes oreilles pour écouter mes paroles ? Oses-tu, comme moi, avoir l’audace de travailler à la conversion du temple, au changement du système qui cache l’évangile sous le faste ? Acceptes-tu de gravir lentement les sentiers douloureux du golgotha de ta vie ? Veux-tu être témoin voué à la douceur pour apporter ma présence au cœur des villes ?
Nous suivrons notre doux Seigneur cette semaine, de jour en jour, et par la mémoire de l’Eucharistie (jeudi) et du Golgotha (vendredi), nous acclamerons, au dimanche de Pâques, le ROI vainqueur de la mort. Nous serons le peuple royal, libéré de ses fautes, allant les bras ouverts pour chanter la miséricorde de Dieu et accueillir tous les peuples.
Envoyé par le Père RD (Dominicain)
Père Jean M.
Après cette longue lecture de la Passion du Seigneur il serait déraisonnable de nous étendre longuement sur les événements relatés. Relevons cependant quelques notes sur ces Rameaux et Passion, vécus pour Jésus à quelques jours d’intervalle :
– l’un où Jésus est glorifié – l’autre où il est crucifié ;
– l’un où il est adulé par toute une foule – l’autre où ceux d’une même foule réclament sa mort en croix ;
– l’un avec la joie de ses disciples – l’autre avec la fuite de ses disciples devant son arrestation :
– l’un où il est proclamé « roi » mais avec compréhension humaine de ce mot – l’autre où sa royauté « roi des Juifs » est inscrite en plusieurs langues sur la croix par la volonté de Pilate, gouverneur romain.
Devant ces notes bien divergentes où finalement la croix marque, pour Jésus et ceux et celles qui veulent le suivre, l’apogée de l’Amour, relevons quelques paroles du Christ en croix, propres à s’incruster en nos cœurs :
« Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », oui, tous ceux qui le crucifient, mais encore tous ceux et celles qui refusent son nom, sa vérité, son amour infini de tous, par toutes sortes de péchés, les nôtres, séparant de Dieu.
« Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Jésus accepte sa mort comme prémisse de sa prochaine résurrection, triomphe, victoire sur la mort et l’Esprit du mal.
« Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ». C’est le cri du centurion romain, un païen, cité en St Matthieu et St Marc. En Jésus Dieu même accepte de passer par la mort humaine, ouvrant notre espérance pour toutes les morts qui nous attristent … et la nôtre à laquelle il faut bien consentir. Notons qu’à la mort de Jésus, le premier à entrer au Paradis, Royaume de l’Amour, est un criminel repentant, tournant ses regards vers le Seigneur : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ».
Dans la Passion selon St Jean, ce dernier, disciple bien aimé, est le seul apôtre au pied de la croix. Il n’a pas oublié de noter les paroles de Jésus concernant Marie, sa mère, mais aussi lui-même, figurant l’humanité fidèle au Christ : « Femme, voici ton Fils ». Elle est consacrée Mère de tous les humains. A Jean : « Voici ta mère » Marie peut être invoquée comme notre mère, reine du ciel et de la terre.
Marie, obtiens-nous de devenir, à ton image, enfants du Père, frères de ton Fils, remplis de l’Esprit d’amour qu’il nous communique !
De Kerit.be
Le récit de la Passion que nous venons d’entendre est celui de l’Évangile de Luc. Chacun des Évangélistes manifeste sa propre sensibilité spirituelle en nous rapportant ces événements. Le propre du récit de Luc est la manière dont il souligne la paix, l’attitude de prière et de pardon de Jésus dans les dernières heures de sa vie terrestre. Ce chemin humble et paisible vers la vie nouvelle, Paul le décrit à sa façon dans sa Lettre aux Philippiens, que nous avons entendue comme deuxième lecture : « …il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur… il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. » La prophétie d’Isaïe nous montre la patience et la non-violence du Serviteur du Seigneur (1e lecture)
La paix profonde de Jésus apparaît tout d’abord dans la description de la dernière Cène et de l’atmosphère très intime de ce repas : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous… » La même paix est présente alors même qu’il annonce que l’un d’entre eux le livrera: « La main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table… » Et lorsqu’une dispute surgit entre les disciples pour savoir lequel d’entre eux est le plus grand, il les reprends, mais avec beaucoup de paix et d’affection.
La paix de Jésus ne signifie cependant pas qu’il ignore le combat. Au contraire, il vit une très rude agonie, spirituellement comme physiquement. Mais en cela aussi il est plein de paix : « Que ta volonté soit faite. »
Son dialogue avec Pilate et ses accusateurs est lui aussi empreint de paix – une paix digne et solennelle. Au sanhédrin qui lui demande: « Tu es donc le Fils de Dieu? », il répond: « C’est vous qui le dites. » À Pilate qui l’interroge : « Es-tu le roi de Juifs ? » il réplique de même: « C’est toi qui le dis. » Aux femmes de Jérusalem, il dit : « Ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants. » Et au larron près de lui sur la croix il promet: « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Mais, par dessus tout, sa dernière Parole, pleine de sérénité malgré sa profonde douleur: « Père, entre tes mains je remets mon esprit. »
Que d’événements, petits ou grands, dans notre vie personnelle comme dans notre vie sociale, risquent de nous faire perdre la paix intérieure : maladie, incompréhensions, difficultés matérielles, injustice dont nous pouvons être victimes ou témoins, et par-dessus tout la lutte continuelle entre le bien et le mal en chacun de nos cœurs. Demandons au Seigneur de graver sa paix dans nos cœurs et dans nos vies, alors que nous voulons, à travers nos luttes et nos peurs, l’accompagner tout au long de cette semaine dans son passage douloureux et serein vers la mort et la résurrection.
Homélie du Père Daniel
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La fête des Rameaux annonce et anticipe la fête du Christ Roi.
. LA ROYAUTÉ DE JÉSUS DURANT SA VIE TERRESTRE
I. Jésus est-il roi? – Durant son ministère public, Jésus ne cède jamais à l’enthousiasme messianique des foules, trop mêlé d’éléments humains et d’espoirs temporels. Il ne s’oppose ni à l’autorité du tétrarque Hérode, qui pourtant soupçonne en lui un concurrent (Lc 13,3Iss-9,7s), ni à celle de l’empereur romain, à qui le tribut est dû (Mc 12,13-17 p) : sa mission est d’un autre ordre! Il ne contredit pas l’acte de foi messianique de Nathanaël ” Tu es le Roi d’Israël ” , (Jean 1,49); mais il oriente ses regards vers la parousie du Fils de l’Homme. Lorsque, après la multiplication des pains, la foule veut l’enlever pour le faire roi, il se dérobe ( Jean 6,15). Il se prête pourtant une fois à une manifestation publique lors de son entrée triomphale à Jérusalem : se montrant dans un humble appareil, conforme à l’oracle de Zacharie (Mt 21,5- Za 9,9), il se laisse acclamer comme le Roi d’Israël (Lc 19,38; Jean 12,13). Mais ce succès même hâtera l’heure de sa passion. Finalement, c’est dans une perspective purement eschatologique qu’il parle aux siens de son Royaume, au moment où la Passion va s’ouvrir (Lc 22,29s).
2. La passion et la royauté de Jésus. – L’interrogatoire de Jésus durant son procès religieux porte sur sa qualité de Messie et de Fils de Dieu: En revanche, dans son procès civil devant Pilate, c’est sa royauté qui est en cause; les évangélistes en profitent pour montrer que sa passion en est la révélation paradoxale. Interrogé par Pilate ” Es-tu le roi des Juifs? ” ( Mc 15,2 p; Jean 18,33. 37), Jésus ne renie pas ce titre ( Jean 18,37). mais il précise que son “Royaume n’est pas de ce monde-ci” ( Jean 18,36), de sorte qu’il ne peut concurrencer César (Lc 23,2). Dans l’aveuglement de leur incroyance, les autorités juives en viennent alors à reconnaître à César un pouvoir politique exclusif pour mieux repousser la royauté de Jésus ( Jean 19,12-15). Mais celle-ci se manifeste à travers les gestes mêmes qui la bafouent : après la flagellation, les soldats le saluent du titre de Roi des Juifs (Mc 15,18 ); l’écriteau de la Croix porte: “Jésus de Nazareth, roi des Juifs” (Jean 19,I9ss); les assistants s’acharnent à railler cette royauté dérisoire (Mt 27,42 p; Lc 23,37) ; mais, reconnaissant sa véritable nature, le bon larron prie Jésus de « se souvenir de lui quand il viendra dans son royaume» (Lc 23,42). En effet, Jésus connaîtra la gloire royale, mais ce sera par sa résurrection et sa parousie au dernier jour. Venu, comme le prétendant de la parabole, pour recevoir la royauté et renié par ses concitoyens, il sera néanmoins investi et il reviendra pour demander des comptes et se “venger de ses ennemis” (Lc 19,12-15.27). A la croix cette royauté éclate pour qui sait voir les choses avec un regard de foi: Vexilla Regis prodeunt, fulget crucis mysterium, ” Les étendards du Roi s’avancent, le mystère de la croix resplendit” (Hymne du temps de la Passion).
II. LA ROYAUTÉ DU CHRIST RESSUSCITÉ
1. La royauté actuelle du Seigneur. – Jésus-Christ ressuscité est entré dans son royaume. Mais il lui faut d’abord faire comprendre à ses témoins la nature de ce règne messianique, si différent de ce que les Juifs attendent: il n’est pas question qu’il restaure la royauté au profit d’Israël (Ac 1,6); son règne s’établira par l’annonce de son Évangile (Ac 1,8). Roi, il l’est pourtant, comme le proclame la prédication chrétienne qui lui applique les Écritures prophétiques : le roi de justice du Ps 45,7 (He 1,8), le roi-prêtre du Ps 110,4 (He 7,1). Il l’était mystérieusement dès le début de sa vie terrestre, comme les évangélistes le soulignent en racontant son enfance (Lc 1,33; Mt 2, 2). Mais sa royauté, ” qui n’est pas de ce monde-ci” (Jean 18,36) et qui n’y est représentée par aucune monarchie humaine à laquelle Jésus déléguerait ses pouvoirs, ne concurrence en aucune façon celle des rois terrestres. Les chrétiens en deviennent sujets quand Dieu les ” arrache à l’empire des ténèbres pour les transférer dans le royaume de son Fils, en qui ils ont la rédemption” (Col 1,13). Cela ne les empêche pas de se soumettre ensuite aux rois de ce monde et de les honorer (1 P 2, 13.17), même si ces rois sont des païens: dépositaires de l’autorité, il suffit qu’ils ne l’opposent pas à l’autorité spirituelle de Jésus. Le drame est que parfois ils s’élèvent contre elle, réalisant la prophétie du Ps 2,2. Ce fut déjà le cas lors de la Passion (Ac 4,25ss). C’est le cas tout au long de l’histoire quand ces rois terrestres, forniquant avec Babylone (Ap 17,2) et la laissant régner sur eux (17,18), participent du même coup à la royauté satanique de la Bête (17,12) : alors, enivrés de leur pouvoir, ils se font les persécuteurs de l’Église et de ses fils, comme Babylone elle-même qui se saoule du sang des martyrs de Jésus (17,6).
2. Le règne du Christ à la parousie. – Dans le tableau symbolique des derniers temps que trace l’Apocalypse, la crise finale s’ouvrira donc par une campagne de tous ces rois contre 1′ Agneau: ayant remis leur pouvoir à la Bête (Ap 17,13), ils se rassembleront en vue du grand Jour (16, 14), mais l’Agneau les vaincra ( Apocalypse 19,18s), ” car il est le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs” (17,14; 19,Iss -1,5). Sa parousie sera la manifestation éclatante de son règne en même temps que du Règne de Dieu (11,15; 2 Tm 4,1) : suivant l’oracle d’Is II,4, le Roi fils de David anéantira alors 1′ Antichrist par la manifestation de sa parousie (2 Th 2,9). Il remettra ensuite le Règne à son Père, car, suivant le texte du Ps 110,1, il faut qu’il règne ” jusqu’à ce que Dieu ait placé tous ses ennemis sous ses pieds” (1 Co 15,24S). A l’issue de la guerre eschatologique qu’il mènera comme Verbe de Dieu, il régira ses ennemis, suivant le Ps 2,9, avec un sceptre de fer (Ap 19,15s). Alors, en participation à son règne ( 1 Co 15, 24), tous les martyrs, décapités parce qu’ils ont refusé d’adorer la Bête, ressusciteront pour régner avec lui et avec Dieu (Ap 20,4ss- 5,10). Ils participeront ainsi, suivant la promesse de Dn 7,22. 27, au règne éternel du Fils de l’Homme. N’est-ce pas ce que Jésus avait lui-même promis aux Douze à la dernière Cène : ” Je dispose pour vous du Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël ” (Lc 22,29S; cf Ap 7.4-8.15) ?
Pierre G RELOT ( Vocabulaire de Théologie Biblique éditions du Cerf – pages 1139 à1141 )
La fête des Rameaux anticipe le Retour du Seigneur en gloire à la Parousie. Ce jour là , il détruira le mal, la souffrance et la mort. Il détruira Puissances, Pouvoirs, Autorités civiles, financières, religieuses.
Ils n’auront plus soif, ils n’auront plus faim, Il essuyera toutes larmes de leurs yeux… ( Apocalypse 7. 9 à 17)
Lui seul sera le Seigneur, le Roi , Dieu.
Voir aussi : Georges Siguier: http://civisme.politique.free.fr/3-la.politique.du.messie/3160-quilregne.htm
le Christ nous fait cadeau de sa vie par amour du Père , si notre coeur , nos oreilles , nos yeux n’étaient pas aussi encombrés de nous même nous pourrions faire de cet Amour un bouquet d’arc en ciel pour l’offrir à notre prochain, par les mains de la Vierge Marie qui nous a donné un Christ au regard miséricordieux, que le Seigneur soit loué sur terre est dans le ciel